La richesse est l’oxygène de la croissance

L’argent est sacré. C’est le sang de l’économie. C’est pourquoi il faut le respecter ». Cette déclaration de Pierre Van der Mersch, aujourd’hui âgé de 90 ans, ouvre la nouvelle édition du livre « Les 100 Belges les plus riches » de Ludwig Verduyn. Grâce à ses investissements en bourse, Van der Mersch se retrouve à la 25e place du livre. L’homme est parfois décrit comme le « Warren Buffett belge », le milliardaire américain, lui aussi assez âgé, qui s’est enrichi grâce à des investissements en bourse. Van der Mersch a commencé sa carrière en tant qu’employé de banque, où il a rapidement appris que les grandes banques ne se préoccupent pas des intérêts de leurs clients individuels, mais uniquement des gains financiers de leurs propres actionnaires. Sans hésiter, Van der Mersch a alors créé sa propre société d’investissement, pour le plus grand bénéfice de ses propres actionnaires. Dans cette nouvelle édition, nous examinons de plus près qui sont les personnes qui gagnent de l’argent. Cette fois, l’accent est mis davantage sur les personnes qui se cachent derrière l’argent que sur l’argent lui-même. Il faut avoir gagné au moins 300 millions d’euros ou valoir autant d’euros pour entrer dans ce livre. Lorsque l’on parle d’autant d’argent, l’argent est devenu un moyen, plus qu’une fin en soi. La manière dont ces moyens sont utilisés est généralement le résultat d’une analyse numérique, mais souvent aussi du processus de pensée du propriétaire/entrepreneur. Il est évident que les émotions et l’ego entrent également en jeu dans ce processus. Et le fait que ces personnes fortunées fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour préserver la richesse qu’elles ont accumulée est également un fait humain.



Gaëtan Waucquez, numéro 91 du livre, est actionnaire et PDG de la société cotée Floridienne, une entreprise qui se consacre, entre autres, à l’élevage d’escargots et de bourdons. Quand j’étais jeune et à l’université, je rêvais de devenir CEO et actionnaire d’une entreprise belge, dans un environnement paisible, sans agressivité, dans un secteur soucieux de l’avenir. Floridienne a tout cela », dit-il. « Mon rêve maintenant ? Rester actionnaire jusqu’à ma mort », a-t-il déclaré au journal L’Echo. « Je m’éclate ici. Le cours de l’action ? Je ne le regarde jamais. Ma seule préoccupation est de trouver de l’argent pour de bons projets, ‘le reste je m’en fous’ ».

Waucquez opte clairement pour un modèle de bonheur plus que pour un modèle de revenu. Mais il ne faut pas être naïf non plus. Son bonheur s’intensifie au fur et à mesure que ses bénéfices augmentent. Et aussi celui de ses actionnaires en bourse, d’ailleurs. « La richesse est l’oxygène de la croissance. Ceux qui la taxent détruisent les entreprises. » C’est ce qu’écrivent plus de 400 Belges fortunés dans une lettre ouverte en 2024, en réponse à la pression croissante des partis politiques de gauche en faveur de l’introduction d’un impôt sur la fortune. Une proposition défendable si elle est accompagnée d’un système fiscal correct et respecté. « Quant à l’objet de votre publication, comme expliqué ci-dessus, il ne contribue en rien au débat public, mais vise au contraire uniquement à ‘satisfaire la curiosité du public’ », nous a écrit Eric Wittouck, le numéro un de ce livre, dans une lettre recommandée. Avec tout le respect que je lui dois, ce n’est pas le cas, les riches ont plus de pouvoir et plus de leviers à leur disposition que les pauvres. Ils ne peuvent donc pas se soustraire à l’attention de la société démocratique critique.

Terminons là où nous avons commencé, avec Pierre Van der Mersch. En tant qu’investisseur, il a aussi largement participé aux coups de la crise bancaire de 2008. La plus grande banque belge, Fortis, dirigée par Maurice Lippens, a sombré dans le processus, tout comme l’entreprise publique Dexia et, dans l’ombre de cette dernière, la société coopérative d’investissement Arco. Pour Fortis, la chute a été accélérée par l’échec du rachat de la banque néerlandaise ABN Amro. « Fortis voulait devenir la plus grande banque d’Europe et a payé un prix beaucoup trop élevé », commente M. van der Mersch. « Le double du prix normal. Je suis convaincu que les dirigeants de Fortis ne savaient pas qu’ils avaient acheté des prêts toxiques pour 40 milliards d’euros. C’est très grave. Il est inhérent à la profession bancaire de savoir ce que l’on achète. Et d’étudier les risques. Un banquier qui ne le fait pas et qui se fie aux notations de Standard & Poor’s devrait être fusillé. Il vaudrait mieux supprimer les agences de notation. Ainsi, tout le monde pourrait à nouveau penser par lui-même ». J’espère que ce livre contribuera un peu à cette dernière ambition. Au cours des prochains jours, nous vous présenterons une sélection de portraits tirés du livre.

Demain : Jan Boone, le succès mondial d’un biscuit au spéculoos

De 100 Rijkste Belgen, Ludwig Verduyn. Publié par Borgerhoff & Lamberigts, 349 pages.