La vente de la « Chapel 2007 » pourrait valoir à Wim Delvoye 10 mois de prison

Vue intérieure de la « Chapel 2007 » montrant un détail des fenêtres coupe-feu.

En 2007, l’artiste Wim Delvoye a achevé son œuvre « Chapel 2007 », une maquette en fonte d’une cathédrale gothique du XVIIe siècle, d’une surface de 330 x 210 centimètres, dont le sommet culmine à 370 centimètres. Un bel ouvrage, pourrait-on penser, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que les vitraux de la maquette sont réalisés à partir des œuvres radiographiques érotiques de Delvoye, dont la notoriété n’est plus à faire. En 2012, un milliardaire indien souhaite acheter l’œuvre par l’intermédiaire d’un galeriste suisse pour 650 000 euros. Mais l’œuvre ne sera jamais achevée. En 2015, Delvoye vend son œuvre au milliardaire portuaire Fernand Huts pour 400 000 euros. Aujourd’hui en justice, l’industriel indien réclame des réparations et le remboursement de ses 650 000 euros, auxquels s’ajoutent 100 000 euros de dommages et intérêts. Je n’ai jamais reçu cet argent, dit M. Delvoye, et j’étais donc libre de le vendre après avoir attendu trois ans. Le ministère public ne croit pas l’artiste, aujourd’hui âgé de 60 ans, et réclame 10 mois de prison. Le tribunal de Gand devait statuer sur l’affaire hier, mais a reporté son jugement à début juin.

Wim Delvoye est reconnu internationalement comme un grand artiste. Par conséquent, ses œuvres sont vendues dans le monde entier, entre autre par l’intermédiaire de la galerie Patricia Low Contemporary à Gstaad, en Suisse. C’est là que le milliardaire indien a frappé à la porte en 2021 pour acheter l’œuvre « Chapel 2007 ». L’œuvre « Chapel 2007 » a déjà été exposée au Louvre à Paris et au Bozar à Bruxelles, entre autres. L’Indien est parvenu à un accord avec Patricia Low sur un prix de 650 000 euros. Ce montant comprend la commission du galeriste. Et l’attente commence. Selon l’acheteur, Delvoye ne livre pas l’œuvre. En revanche, il y aurait des frais d’entretien de l’œuvre. La surprise est donc grande lorsque, trois ans après le contrat de vente, il s’avère que la même œuvre a été vendue à Katoen Natie, la société du collectionneur d’art Fernand Huts, pour 400 000 euros. Je pouvais vendre cette œuvre, dit Delvoye, j’ai attendu trois ans le paiement de la Suisse, mais il n’est pas venu. L’affaire est désormais pendante devant le tribunal de Gand.



 » L’œuvre a été vendue en 2015 pour un montant de 400 000 euros », explique l’avocate Frederieke Cloet, qui représente l’Indien. « Il y avait même à l’identique la même description de l’œuvre d’art donnée à mon client ». Maître Cloet demande un verdict de culpabilité, le remboursement de 650.000 euros et un dédommagement de 100.000 euros, étant donné qu’une somme considérable a été payée pour l’entretien de l’œuvre d’art. Le procureur de Gand a suivi l’avocat et a demandé une peine de 10 mois de prison pour Delvoye et une amende de 2.000 euros.

Pour sa part, Delvoye nie toutes les allégations. « Notre client n’a pas reçu un euro du premier acheteur », affirment ses avocats. « Il est possible que le premier acheteur ait transféré 650 000 euros à Mme Low, mais pas un centime de cette somme n’est parvenu à M. Delvoye. C’est d’ailleurs ainsi que cela fonctionne dans ce monde : un acheteur n’obtient une œuvre d’art que lorsque le montant total a été payé ». Ainsi, selon les avocats de M. Delvoye, l’acheteur indien a été escroqué par le galeriste. « Elle a communiqué au nom de M. Delvoye, mais ne nous a pas répondu. Nous étions au courant de l’intérêt, mais cela s’arrête là. Ensuite, lorsqu’un nouvel acheteur se présente après trois ans de silence radio, il est normal que M. Delvoye se jette à l’eau ». La défense a donc demandé l’acquittement. Le tribunal a reporté sa décision au début du mois prochain.