NOUVEAU – Gérald Hibert subit une perte de 71 millions d’euros et doit faire face à une crise immobilière croissante

La « Galerie Louise » de Bruxelles, propriété de Gérald Hibert. (Photo : Google Streetview)

L’investisseur immobilier bruxellois Gérald Hibert encaissera une perte de 71 millions d’euros pour 2023 avec son holding central Sogefibel. C’est ce qui ressort du bilan consolidé pour 2023 que l’entreprise vient de déposer. Ce bilan montre l’image d’une société immobilière en crise. Hibert gère un important portefeuille d’immeubles commerciaux, principalement à Bruxelles et à Paris. Au début du mois, nous avons annoncé que Hibert avait dû admettre deux administrateurs externes au sein de sa société. Ces deux administrateurs n’ont pas approuvé la décision de Hibert d’augmenter ses fonds propres de 60 millions d’euros. Une restructuration impliquant la recherche d’actionnaires externes pour le groupe est en cours. Hibert, connu comme un « solitaire » dans le monde de l’immobilier, pourrait perdre le contrôle de sa société dans ce processus.

Hibert doit faire face à une dette de 942 millions d’euros avec sa société. Sur cette somme, 447 millions d’euros ont été empruntés à des taux d’intérêt variables auprès de banques. En décembre 2021, 455 millions d’euros ont été refinancés auprès du groupe allemand Allianz pour une durée de 10 ans. 73 millions d’euros ont été empruntés auprès d’investisseurs privés et 40 millions d’euros ont été levés dans le cadre d’un financement mezannine, c’est-à-dire un financement assorti de moins de garanties mais de plus d’obligations de résultats. Ce dernier montant devrait permettre de terminer la rénovation de l’hôtel Ambassadors. En contrepartie, elle dispose de 1,3 milliard d’euros de biens immobiliers. En 2022, l’entreprise a déclaré qu’elle mènerait à bien un vaste programme de désinvestissement afin de réduire sa dette. Mais ce n’est pas encore le cas. De plus, le marché immobilier n’est actuellement pas très solide et n’offre pas les meilleurs prix. Entre-temps, il est apparu que le portefeuille immobilier français a été mis en gage pour 261 millions d’euros au profit du financier immobilier britannique Trimont Europe Ltd.



M. Hibert a créé son entreprise en tant que société unipersonnelle. Cette année, sous la pression de ses créanciers, il a dû admettre deux administrateurs externes. Jean-Edouard Carbonelle et Erard de Becker ont été nommés administrateurs de Sogefibel cet été. Jean-Edouard Carbonelle a été CEO du groupe immobilier Cofinimmo de 2012 à 2018. On retrouve Erard de Becker, entre autres, comme conseiller de la riche actionnaire d’AB Inbev, Caroline de Spoelberch. Il est par exemple intervenu dans le déblaiement du squat du 143 avenue Louise, qui a depuis été entièrement rénové en immeuble de bureaux par sa propriétaire la vicomtesse Caroline de Spoelberch.

Normalement, le mandat des deux administrateurs expire le 15 janvier 2025. Mais il n’est pas certain que ce soit le cas. Gérald Hibert ne commente pas les faits. Les deux administrateurs externes travaillent sur un plan de restructuration qui inclut la reprise de l’entreprise par des actionnaires externes. Ils constatent également que Sogefibel ne dispose pas d’une structure permettant un suivi comptable de l’ensemble du groupe. L’été dernier, Hibert a procédé à un certain nombre de modifications comptables qui ont transformé les « asset deals » en « share deals ». En substance, celles-ci ne valorisent plus les immeubles mais uniquement les actions des sociétés mères. Cela lui a permis d’augmenter les fonds propres de Sogefibel de 60 millions d’euros tout en corrigeant le bilan pour 2022, une opération qui a été rejetée par les deux administrateurs externes. Avec la perte de 71 millions d’euros pour 2023, les fonds propres du groupe tombent à 292 millions d’euros. Sans la correction controversée, ils seraient de 231 millions d’euros.

Gérald Hibert exploite avec sa société d’importants immeubles commerciaux et résidentiels dans le quartier Louise à Bruxelles et à Paris, entre autres. Il s’agit notamment de trois galeries commerciales sur l’avenue Louise et du prestigieux nouvel immeuble Toison d’Or sur la chaussée de Waterloo. Entre-temps, certains immeubles commerciaux de l’avenue Louise auraient déjà été mis en vente.