
En septembre de l’année dernière, il est apparu que l’entrepreneur limbourgeois Luc Jeurissen avait racheté son concurrent ouest-flamand AM Group, basé à Roulers, avec son groupe de services RH Trixxo. Il y a deux semaines, nous avons annoncé que ce groupe ouest-flamand valait 42,9 millions d’euros et qu’il était détenu à 75,8 % par Jeurissen. Les actionnaires de Flandre occidentale détiennent 24,1 %. Pour l’entrepreneur limbourgeois Jeurissen, il s’agit d’une opération importante. Avec AM, il prend pied en Flandre occidentale. Son objectif est désormais de doubler son activité d’intérim pour atteindre un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros en 2025. Avec les titres-services, Jeurissen opère dans un secteur extrêmement dépendant des pouvoirs publics et de leur politique de subvention. Les marges sont faibles. Tout le salut doit donc venir de l’échelle. Et c’est là que Jeurissen joue un rôle important. Il est à l’avant-garde de la consolidation du secteur. Lorsque sa société Trixxo, basée à Hoeselt, a organisé une journée familiale l’année dernière, elle a acheté des billets pour les 5 parcs Plopsa et les 5 cinémas Kinepolis afin d’offrir aux travailleurs domestiques, aux travailleurs intérimaires, aux cols blancs et à leurs familles un après-midi de divertissement. Plus de 20 000 personnes y ont participé. Jeurissen entre dans notre classement avec des actifs de 33 millions d’euros.
Les titres-services ont été créés pour éliminer le travail au noir dans le secteur du nettoyage et garantir la protection sociale des travailleurs. Des centaines de milliers de familles les utilisent avec empressement, fournissant un emploi à des dizaines de milliers de personnes. Mais le système ne survit que par la grâce et les subventions du gouvernement. Au total, ces subventions publiques représentent 1,2 milliard d’euros par an. Le monde politique se penche donc sur la question à intervalles réguliers, comme c’est le cas actuellement lors de la formation du gouvernement flamand.
Le 1er janvier 2025, le prix du chèque-service passera de 9 à 10 euros. La dernière augmentation remonte à 2014, lorsque le prix est passé de 8,50 à 9 euros. Depuis, le prix n’a même pas été indexé. Les contribuables pouvaient déduire fiscalement 1,8 euro pour les 198 premiers chèques utilisés. Le coût réel d’un chèque s’élevait donc à 7,2 euros. Cette déduction disparaîtra également à partir du 1er janvier 2025. L’argent ainsi économisé par le gouvernement flamand, soit 166 millions d’euros à partir de 2026, sera versé au budget. Une heure d’aide au nettoyage coûtera donc 2,8 euros de plus au client. Ceux-ci semblent prêts à payer ce surcoût. À cela s’ajoute le fait que presque toutes les entreprises de nettoyage facturent depuis plusieurs années une contribution administrative supplémentaire de 1 à 2 euros par heure en plus du prix du chèque-service.
La Flandre compte 90 000 assistants de nettoyage. Elles reçoivent 1 euro brut supplémentaire par heure de travail. Par heure prestée, l’employeur reçoit 28,07 euros : 9 euros via le chèque-service et 19,07 euros de subvention du gouvernement. Sur ces 28,07 euros, l’aide de ménage reçoit 13 à 14 euros bruts. Le reste du montant couvre les cotisations sociales, le pécule de vacances, le matériel, le personnel administratif et d’autres frais de fonctionnement. De leur côté, les syndicats ont réalisé leur propre étude qui montre que les 20 plus grandes entreprises de titres-services ont réalisé 50 millions d’euros de bénéfices en 2023, dont 73 % ont été versés aux actionnaires sous forme de dividendes.
Pour sa part, Trixxo était à l’origine une société de chèques de service qui, par le biais d’une série d’acquisitions, s’est transformée en une vaste société de services RH. Depuis plusieurs années, elle se développe également aux Pays-Bas. Il y a deux ans, elle a racheté ses homologues néerlandais Redbrook Engineering et Blauwbroek Techniek. Le holding Mediatic + de Jeurissen a réalisé un chiffre d’affaires de 382 millions d’euros en 2023, soit un cash-flow de 13,5 millions d’euros. Après impôts et frais financiers, le holding a atteint le seuil de rentabilité. Cela montre une fois de plus que le secteur du travail temporaire fonctionne avec des marges très faibles et qu’il doit trouver une base de croissance par le biais d’une augmentation des revenus. Entre-temps, Jeurissen s’est déjà diversifié dans l’immobilier et les médias. Avec son holding Mediatic+, par exemple, il est coactionnaire du radiodiffuseur régional TV Limburg.