C’est l’un des piliers industriels belges les moins connus mais pas moins important pour autant : la production de zinc et de tous les produits dérivés. Historiquement ancré en Wallonie mais présent dans le monde entier, le secteur est contrôlé par le holding Silox. Celle-ci est détenue à 60 % par le holding Cybelle, propriété de la famille Djierdjian. Celle-ci contrôle discrètement depuis Monaco une multinationale active à la fois dans l’industrie du plastique et du caoutchouc et dans l’industrie des métaux non ferreux, solidement ancrée en Belgique. Elle a récemment fait surface en tant qu’investisseur dans l’entreprise belge innovante de bioplastiques Futerro.
Tigrane Djierdjian a fondé le holding Cybelle à Bruxelles en 1997, avec un capital de 187 millions de francs belges, soit environ 4,6 millions d’euros. Dès cette époque, l’argent provient de Monaco, notamment par le biais du holding Somepa. À l’origine, la famille était active à Monaco en tant que producteur de caoutchouc, mais au fil des ans, elle s’est reconvertie dans la production de plastique avec la société monégasque Siam Cedap. Cette société est aujourd’hui spécialisée dans la production d’emballages en plastique pour l’industrie alimentaire. Elle a été récompensée à plusieurs reprises à Monaco pour cette activité. Cette activité s’inscrit dans le prolongement de l’investissement de 8 millions d’euros que la famille a réalisé dans la société Futerro. Cette société est spécialisée dans la production de PLA, un bioplastique renouvelable à base d’acide lactique. Elle est détenue par Finasucre, la société sucrière de la famille Lippens, et par la holding cotée en bourse Bois Sauvage de la famille Paquot. L’entreprise souhaite construire une usine de bioplastiques en Normandie, à Port-Jérôme, entre Le Havre et Rouen, qui devrait être opérationnelle d’ici 2027. L’usine devrait avoir une capacité annuelle de 130 000 tonnes d’acide lactique, associée à une unité de production de PLA d’une capacité annuelle de 75 000 tonnes. Le projet nécessitera un investissement de 400 à 500 millions d’euros.
En outre, Tigrane Djierdjian a acquis une position importante dans l’industrie des métaux non ferreux en Belgique. Par exemple, elle contrôle 60 % du holding Silox. Les 40 % restants sont détenus par le groupe Prayon, basé à Nivelles, qui est lui-même détenu à parts égales par la région wallonne et le groupe marocain OCP, leader mondial de la production de pottasium. Silox est présente au Canada, en France, en Allemagne, en Inde, en Thaïlande et au Royaume-Uni. Elle a été créée dans les années 1980 pour produire des oxydes de zinc à partir de sous-produits de la production de Prayon. Au fil des ans, l’entreprise s’est considérablement diversifiée, à la fois de manière organique et par le biais d’acquisitions. Silox est aujourd’hui un leader mondial dans le traitement chimique du zinc et du soufre, les pigments anticorrosion et le recyclage de résidus complexes de métaux non ferreux. Il représente un chiffre d’affaires de plus de 600 millions d’euros.
Le groupe JGI-Hydrometal en représente une part importante. JGI signifie Jean Goldschmidt International, une société principalement active dans le négoce de produits non ferreux. Le groupe possède des succursales en Belgique (Liège), en Thaïlande et en Allemagne. Sur le plan commercial, il est présent dans une cinquantaine de pays. Récemment, le groupe a annoncé qu’il investissait entre 40 et 50 millions d’euros dans la construction d’un nouveau site destiné à la production de sels de zinc. Ces sels sont essentiels dans la production de caoutchouc, mais sont également utilisés, par exemple, comme colorants dans la production de céramiques. Le financement servira à mettre en place trois lignes de production, qui démarreront l’une après l’autre à partir de 2025. Le site choisi, d’une superficie de 8,8 hectares, est situé sur le Grand Port Maritime de Dunkerque. La capacité devrait se situer entre 15 000 et 20 000 tonnes de sels de zinc par an.