RIP – Willy Naessens : « Je suis bien dans ma peau, pour que tout le monde soit bien dans sa peau»

Willy Naessens est décédé. Le célèbre entrepreneur avait 86 ans. Il avait fait une lourde chute à la fin du mois de janvier et s’était cassé la hanche. « Au cours du processus de rétablissement, un certain nombre de complications se sont produites, qui l’ont considérablement affaibli et ont finalement conduit à son décès », ont indiqué la famille et la direction dans un communiqué de presse. L’homme d’affaires autodidacte de Flandre orientale avait déjà connu des problèmes de santé par le passé. Dans les années 1990, il a été atteint à plusieurs reprises d’un lymphome et d’un cancer de la gorge à un stade précoce. Il a finalement dû vaincre la maladie à quatre reprises, mais s’est rétabli à chaque fois. Portrait d’un homme intelligent et motivé, dont la fortune s’élève à 318 millions d’euros.



En 2019, l’industriel et constructeur de piscines Willy Naessens d’Elsegem, alors âgé de 80 ans, a reçu l’insigne d’honneur de « Commandeur de l’Ordre de Léopold » dans la salle de bal de la commune de Wortegem-Petegem. Ce titre, créé par le roi Léopold 1er en 1832, est déjà la plus haute décoration civile en Belgique. « Je n’aurais jamais pensé recevoir cette décoration et je tiens à remercier tous ceux qui m’entourent, a déclaré M. Naessens dans son discours de remerciement. Sans ma famille et mes collaborateurs, je n’en serais jamais arrivé là. J’ai eu la chance de rester en bonne santé et de pouvoir rendre les gens qui m’entourent plus heureux, en plus de mon entreprise. Mon slogan est donc : « Je suis bien dans ma peau, pour que tout le monde soit bien dans sa peau».

Willy Naessens était également citoyen d’honneur de Wortegem-Petegem et titulaire des titres honorifiques de « Commandeur de l’Ordre de la Couronne » et de « Chevalier de l’Ordre de Léopold ». Le ministre d’État Herman De Croo a décrit Willy Naessens comme « un grand gentleman et l’un des entrepreneurs les plus progressistes du pays ». Naessens lui-même a conclu son intervention par une anecdote. « Qu’est-ce qui m’a valu, à moi, petit paysan d’Elsegem, ce titre honorifique suprême ? Peut-être à mes mérites économiques, mais peut-être aussi parce que j’essaie d’apporter de la joie à ceux qui m’entourent. Mais, disait récemment ma Marie-Jeanne, tu n’es pas un commandant ordinaire. Tu n’es pas un commandant ordinaire parce que tu as été commandant toute ta vie ».

En tant qu’entrepreneur, Willy Naessens est surtout connu comme cultivateur de béton, entrepreneur et constructeur de piscines. Chaque année, son entreprise construit non seulement plusieurs hectares de complexes industriels et d’immeubles de bureaux, mais aussi plus d’une centaine de piscines. Son succès repose sur l’intégration verticale. Le constructeur industriel de Wortegem-Petegem n’a pas besoin de maçons pour ériger ses bâtiments. L’entreprise produit et assemble des éléments en béton qui s’emboîtent comme des pièces de meccano.

Après avoir conquis le marché de la construction industrielle, Naessens a jeté son dévolu sur un nouveau secteur : l’alimentation, et plus précisément la transformation de la viande. En 2009, le groupe Willy Naessens reprend les entreprises de viande de la famille Blancke. L’objectif était que le secteur alimentaire devienne à terme aussi important que le secteur de la construction. En 2023, Willy Naessens a restructuré son activité de construction industrielle Willy Naessens. Quatre holdings ont été créées, chacune avec ses propres activités et sa propre gestion. La nouvelle société Willy Naessens Build chapeaute toutes les activités de construction ainsi que la construction de piscines. Cet ensemble reste la partie la plus importante du groupe, avec un chiffre d’affaires de 650 millions d’euros. Dirk Deroose, fils d’un cousin de Willy Naessens et confident de l’entrepreneur de 85 ans, sera alors à la tête de Willy Naessens Build. Deroose, qui contrôle également 5% du groupe, troque son poste de CEO général contre celui de conseiller auprès du family office Koutermolen, le holding central de la structure.

Willy Naessens Concrete chapeaute les centrales à béton du groupe, qui réalisent un chiffre d’affaires de 200 millions, et est dirigé par Filip Van Hautegem, époux de Veerle Naessens, la fille de Willy. Veerle Naessens elle-même dirigera Willy Naessens Food, qui réalise un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros. La société d’exploitation Franky’s est principalement active en tant que distributeur de charcuterie et préparateur de repas. Au début de cette année, elle a fusionné avec l’entreprise alimentaire de la famille Depuydt, basée à Ostende.

Willy Naessens s’est surtout fait connaître du grand public après son passage dans l’émission télévisée populiste « The Sky Is The Limit », où il était question d’avoir et de garder des compatriotes fortunés. Pour Willy Naessens, ce n’était que de la publicité, mais cela lui a donné le statut de BV. Ce qui est clair, c’est que Naessens accordait une attention particulière à ses employés. Chaque année, il les honore d’une manière ou d’une autre. Il y a quelques années, par exemple, cinq employés ont été autorisés à utiliser la Bentley noire de leur patron pendant un week-end. Lors de la fête annuelle du personnel, Naessens a offert sa voiture à cinq employés. Cinq autres ont pu passer un week-end dans l’Aston Martin de sa femme Marie-Jeanne. Le couple d’entrepreneurs comptait bien récupérer sa voiture intacte.

« C’est grâce à mes employés que le groupe Willy Naessens en est arrivé là », a justifié M. Naessens. « Je suis donc éternellement reconnaissant à mes collaborateurs. C’est grâce à eux que Marie-Jeanne et moi pouvons conduire de si belles voitures et il est normal qu’ils en profitent aussi. » Bien que confiant, il a tout de même pris ses précautions. Les gagnants ont dû signer un règlement confirmant qu’ils ne monteraient pas dans la voiture s’ils avaient bu. Et s’ils se voyaient infliger une amende, ils devaient la payer eux-mêmes. D’ailleurs, la voiture de prêt n’était pas le grand prix de la soirée. Ce grand prix était une moto Harley Davidson. Le gagnant a pu garder la moto. Les 1 200 employés ont également assisté à un spectacle de Bart Kaëll.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, chaque année, Willy et Marie-Jeanne étaient présents au Waregem Koerse où ils remettaient leur prix à la femme portant le couvre-chef le plus original. L’attelage de chevaux était l’un des passe-temps favoris de l’entrepreneur de Flandre orientale. Il y a deux ans, il a été interviewé par les journaux de Mediahuis. Ceux-ci voulaient savoir s’il prendrait encore sa retraite : « J’ai essayé la retraite. À 65 ans. Je me suis assis dans un de mes cafés, sur le marché d’Audenarde. (Il porte les mains à la tête) Ces conversations ! Que le café du Lidl coûte si cher et le café du Colruyt si cher : eh bien. Avec les retraités, on ne peut plus parler d’économie. Je le vois déjà : moi, retraité, je passe à vélo devant deux collègues qui travaillent encore. Puis ils disent : c’était Willy Naessens, laissez passer, on n’a plus besoin de lui ».