
Le manager limbourgeois Stijn Bijnens est le nouveau PDG de l’entreprise publique Proximus. C’est sans doute une bonne nouvelle pour l’opérateur télécom coté en bourse, mais aussi une moins bonne nouvelle pour André Knaepen, son entreprise Cegeka et son investisseur GIMV. Avec Cegeka, Knaepen contrôle la moitié du nouvel opérateur de télécommunications Digi. Avec le déploiement d’un nouveau réseau GSM, celui-ci doit concurrencer fortement les opérateurs existants, à savoir Proximus, Telenet et Orange, notamment par une guerre des prix. Chez Cegeka, le dossier Digi était suivi de près par Bijnens. Le braconnier devient donc chasseur. Lui-même n’y voit pas d’inconvénient.
En 2019, Stijn Bijnens a quitté son poste de directeur général de la société d’investissement limbourgeoise LRM pour devenir PDG de Cegeka, l’entreprise informatique d’André Knaepen basée à Hasselt. Dans notre première édition des Belges les plus riches, en 2000, le Limbourgeois Stijn Bijnens occupait la 80e place avec une fortune de 3,6 milliards de francs belges, soit environ 90 millions d’euros. À l’époque, Bijnens était le « whizz kid » de la Flandre, région très innovante sur le plan entrepreneurial. Son entreprise Ubizen était au sommet de sa gloire en tant que l’un des premiers fournisseurs de sécurité réseau dans le monde de l’internet. Mais au cours des deux années suivantes, la bulle internet a éclaté et Ubizen a perdu 80 % de sa valeur. L’entreprise est passée sous contrôle américain et Bijnens s’est retiré dans sa région natale, le Limbourg. Le plus gros « dommage collatéral » d’Ubizen a touché la famille Collin d’Anvers, connue pour son pudding à la vanille Imperial, qui, par l’intermédiaire de la famille Baert du Limbourg, avait indirectement acheté Ubizen à son apogée. La famille Baert, alors propriétaire du journal « Het Belang van Limburg », était devenue le seul investisseur dans Ubizen.
Chez Cegeka, Bijnens devait mener à bien la stratégie de croissance. Cette stratégie comprenait notamment le rachat d’autres acteurs, d’autant plus que la GIMV avait apporté des capitaux supplémentaires en échange de 24 % des actions de Cegeka. À partir du milieu de l’année dernière, Bijnens s’est concentré sur Citymesh, une société sœur de Cegeka qui détient 50 % des parts d’InSky, l’entreprise qui, en collaboration avec un partenaire roumain, doit déployer le quatrième réseau GSM en Belgique. Cela se fait par tâtonnements et coûte beaucoup d’argent. Récemment, Nuhma, une intercommunale limbourgeoise qui représente les administrations locales, est devenue investisseur dans Citymesh.
Bijnens connaît donc les rouages internes de Citymesh et Digi. Il peut désormais en tirer profit chez le grand concurrent Proximus. Le manager limbourgeois se dit très heureux de son passage chez Proximus, qui est détenue à 54 % par les pouvoirs publics. Il ne voit aucun problème dans le transfert de ses connaissances. « Mon employeur est désormais Proximus. C’est comme changer d’équipe de football. Vous voulez que votre nouvelle équipe gagne. C’est la même chose ici », explique-t-il.