L’histoire de la famille Boël commence en 1880, lorsque le comptable Gustave Boël hérite de tous les biens de son employeur Ernest Boucquéau, qui n’a pas d’enfant. Une partie de cet héritage est constituée par l’usine sidérurgique Fafer (Fabrique de Fer de Charleroi), qui constitue la base de la fortune que Boël construira au cours des décennies suivantes. Lorsque Fafer est vendue au groupe français Usinor en 1997, la famille encaisse 5 milliards de francs, soit environ 125 millions d’euros.
À cette époque, la famille est déjà très active dans d’autres secteurs, comme le holding Sofina, qui fournit du capital-risque aux distributeurs Colruyt et GIB, aujourd’hui Carrefour, entre autres. Avec deux autres holdings, Sofina constitue le cœur de l’empire Boël. La famille a réussi à devenir aussi riche en combinant trois choses : une gestion judicieuse de ses entreprises, la résolution des querelles familiales à huis clos et le mariage des enfants avec d’autres enfants riches, le tout agrémenté d’une sauce d’une extrême discrétion. Un bel exemple de cette dernière politique a d’ailleurs été donné très tôt à la famille.
Au début de ce siècle, Marie-Anne Boël épouse Charles-Emmanuel Janssen, le petit-fils d’Ernest Solvay. Aussitôt, les Boël deviennent le troisième actionnaire de la multinationale chimique. Max Boël épouse à son tour Anna Guinotte, fille de l’avocat Léon Guinotte et unique héritière de Raoul Warocqué. À sa mort, ce baron de l’acier laisse 34 millions de francs, ce qui fait de lui l’un des Belges les plus riches vers 1900. De nombreux noms célèbres et puissants apparaissent dans l’histoire de la famille Boël. Pol Boël a épousé Nicole Davignon, la sœur aînée d’Etienne. La belle-mère de Pol Boël a été dame d’honneur de la reine Élisabeth pendant de nombreuses années. Marie-Claire Boël a épousé Stanislas Emsens, le dirigeant de la riche société minière SCR-Sibelco.
Récemment, une nouvelle génération de Boël est apparue. Nicolas Boël, 50 ans, a été nommé président de Solvay en mai 2011. La nouvelle génération serait un peu plus accessible que la précédente. L’un d’entre eux a même accordé une interview à Trends en 2006, à l’époque « du jamais vu ». La famille possède un domaine dans le Brabant wallon, à Court-Saint-Etienne, acheté par Gustave Boël en 1882. Il s’étend actuellement sur 2 200 hectares et comprend un château, un parc, 14 fermes, des bois et de nombreuses maisons. Il est la propriété de la SA Domanoy. Le Financial Economic Times a estimé la valeur du domaine en 1996 à 1,8 milliard de francs (45 millions d’euros).
Le rejeton le plus controversé de la famille est l’artiste Delphine Boël. Elle prétend que le roi Albert II est son père biologique. Par le biais de la justice, elle souhaite obtenir un échantillon d’ADN du monarque afin de prouver que le roi Albert II, et non Jacques Boël, est son véritable père. S’adressant au journal Le Soir, Delphine Boël a déclaré que son père légal, Jacques Boël, a pris des mesures pour s’assurer qu’elle n’hérite de rien. « Je ne serai pas une héritière de la famille Boël », a déclaré Delphine. Le tribunal prévoit d’examiner l’affaire sur le fond en février 2017. Dans la foulée, le roi Albert lui-même a également été avancé devant le tribunal. C’est la première fois dans l’histoire qu’un roi doit comparaître devant un tribunal. En janvier 2020, le vieil Albert s’inclinera et reconnaîtra que Delphine est bien sa fille biologique. C’est surtout sa femme Paola qui ne voulait pas qu’on lui rappelle toute l’histoire de l’adultère de son mari et qui a donc bloqué toutes les démarches possibles.
En octobre 2020, après 7 ans de souffrance juridique, Delphine a finalement obtenu gain de cause auprès de la Cour d’appel. Elle est reconnue comme la fille d’Albert et peut désormais s’appeler Delphine de Belgique, de son nom de noblesse Delphine, Princesse de Belgique, de Saxe-Cobourg Gotha.