Le Belge Warren Buffett, c’est ainsi que la presse financière qualifie souvent Pierre Van der Mersch. Comme le gourou américain de l’investissement, il a transformé une coquille vide en bourse en un holding de grande envergure. Van der Mersch, bonhomme et sagace, peut parler pendant des heures de la manière dont il a forgé « sa » Brederode sur les décombres de ce passé colonial et belge, un holding qui gérait près d’un milliard d’euros en 2011 pour franchir le seuil des 2 milliards d’euros d’actifs sous gestion en 2018. Il ne semble pas avoir volé son autre surnom, « Maître Renard », au passage.
L’histoire de Brederode commence en 1970, lorsque, avec l’aide d’amis et de membres de sa famille, M. Van der Mersch rachète Auxiliaire des Mines, un vestige de l’industrie du charbon. C’était notre premier outil financier, qui nous a permis d’obtenir un effet de levier », explique M. van der Mersch. Brederode s’est développée en augmentant constamment l’effet de levier. Avec un « outil », nous en avons conquis un plus grand. Mais il faut toujours garder à l’esprit deux choses : les bénéfices et la valeur nette d’inventaire par action. Ce sont les baromètres, pas la valeur boursière ou quoi que ce soit d’autre ». La holding centrale du groupe est aujourd’hui Brederode. Son portefeuille d’actions cotées, largement diversifié, est géré activement. Il contient des participations minoritaires de grande qualité pour lesquelles il existe généralement un vaste marché. Le style de gestion « stock picking » concentre les investissements dans des entreprises considérées comme sous-évaluées en bourse et offrant les meilleures perspectives de rentabilité et de croissance. En 2018, Brederode a géré 2 milliards d’euros d’investissements, répartis à parts presque égales entre des investissements dans des entreprises cotées et non cotées.
L’investisseur a également partagé les coups de la débâcle de Fortis. ‘Fortis voulait devenir le plus grand d’Europe et a payé un prix beaucoup trop élevé’, a déclaré M. van der Mersch. Le double du prix normal. Je suis convaincu que les dirigeants de Fortis ne savaient pas qu’ils avaient acheté des prêts toxiques pour 40 milliards d’euros. C’est très grave. Il est inhérent à la profession bancaire de savoir ce que l’on achète. Et d’étudier les risques. Un banquier qui ne le fait pas et qui se fie aux notations de Standard & Poor’s devrait être fusillé. L’Europe veut sa propre agence de notation. Mais qu’est-ce que cela va changer ? Il vaudrait mieux supprimer les agences de notation. Tout le monde pourrait alors à nouveau penser par lui-même ».
Pierre Van der Mersch est décédé dans l’été 2023. Brederode est actuellement dirigée par un cousin de Pierre Van der Mersch.