L’empire de la famille Van Thillo repose sur deux piliers. Il y a d’abord les activités bancaires, mieux connues sous le nom de Spaarkrediet. Cette caisse d’épargne a été vendue par la famille à la Kredietbank au début de 1995. À l’époque, Spaarkrediet possédait six succursales et près de cinq cents agents indépendants. Plus tard, la Kredietbank a fusionné le Spaarkrediet avec HSA sous la nouvelle marque Centea. Toutes les activités financières de la famille n’ont pas connu le même succès. Au milieu des années 1990, le courtier financier Het Financiehuis a été liquidé dans des circonstances peu claires. Et lorsque le dossier KB Lux a éclaté en 1996, Herman Van Thillo, l’un des principaux clients privés, a été visé par les tribunaux. Actuellement, la famille est surtout connue pour ses activités dans les médias. Les fleurons en Flandre sont Het Laatste Nieuws, Dag Allemaal et le radiodiffuseur commercial VTM. Ces trois entreprises sont les plus importantes dans leur sous-secteur.
Ces dernières années, Christian Van Thillo s’est surtout distingué par un programme de reprise énergique qu’il a mené à bien aux Pays-Bas. Il a réussi à transférer les journaux néerlandais Algemeen Dagblad, de Volkskrant et Trouw à De Persgroep. Cela ne lui a pas porté préjudice. L’intégration des journaux néerlandais a permis à De Persgroep d’enregistrer un chiffre d’affaires de 932 millions d’euros en 2010, réparti à parts égales entre la Belgique et les Pays-Bas. 79 % des revenus du groupe de médias proviennent de ses activités d’édition, le reste de la branche audiovisuelle. Pourtant, en 2010, le Persgroep s’est lancé dans la course à la reprise des chaînes de télévision néerlandaises SBS6, Net5 et Veronica, mises en vente par la multinationale SBS. Mais Van Thillo a dû céder la place à la combinaison Sanoma-John De Mol. Ceux-ci ont payé 1 milliard d’euros pour les trois stations, ce qui était « au-dessus du seuil de douleur de de Persgroep », dixit Christian Van Thillo.
En 2014, de Persgroep a fait une offre de 245 millions d’euros pour acquérir la société de médias britannique Mecom. La filiale de Mecom, Wegener, est le plus grand éditeur de journaux régionaux aux Pays-Bas. L’Autorité néerlandaise des consommateurs et du marché (ACM) souhaitait d’abord enquêter sur ce rachat, car elle craignait, entre autres, une augmentation des prix des quotidiens. « Le rachat de Mecom par de Persgroep pourrait entraîner une augmentation des coûts d’impression et de livraison des autres éditeurs de journaux. Cela pourrait à son tour affecter le prix ou la qualité des journaux, ce dont les consommateurs pourraient souffrir », a conclu l’autorité. Sous réserve de certaines conditions, le rachat a été approuvé par l’ACM en 2015. Le chiffre d’affaires du Persgroep est ainsi doublé.
Les philosophes de la culture, quant à eux, s’interrogent de plus en plus sur l’avenir de la presse écrite classique. Mais Van Thillo ne semble pas s’en préoccuper : « Dans le domaine des médias, existe-t-il un cycle de vie économique dans lequel un produit naît, grandit, mûrit, retombe et est remplacé ? Je n’ai jamais vu cela. Une nouvelle chaîne arrive tout simplement. L’internet, sous sa forme commerciale, a 15 ans. Dans les premières années, on disait qu’il allait rayer tous les médias de la carte. La télévision n’existerait plus telle que nous la connaissons, la radio allait migrer vers l’internet, les journaux deviendraient tous gratuits, etc. Mais le paysage médiatique de l’année 2011 ne ressemble pas du tout à cela. Le numérique fera de plus en plus partie de nos vies, mais aux côtés d’autres médias. Et c’est tant mieux. »
En octobre 2017, il a été annoncé que Van Thillo rachetait son partenaire, la famille De Nolf, à Medialaan, le holding du groupe de télévision et de radio VTM/Q. Pour ces 50 % dans Medialaan, Van Thillo a payé 217 millions d’euros en espèces. Les journaux De Tijd et L’Echo ont également été transférés à Roularta, le groupe de médias de la famille De Nolf. Van Thillo centralise toutes ses rédactions à Anvers et fait du site web hln.be son produit phare. En collaboration avec Telenet, il lance Streamz, un concurrent flamand de Netflix.
