Eric Everard : prêt pour le grand saut

Eric Everard (Photo: LD)

L’entrepreneur bruxellois Eric Everard est sur le point de vendre la majorité de son entreprise d’organisation de salons et de foires, Easyfairs. Cette société possède huit halls d’exposition en Belgique, aux Pays-Bas et en Suède et, au niveau national, Flanders Expo, Antwerp Exo et Namur Expo. Au début de l’année, il a été annoncé que M. Everard, âgé de 60 ans, cherchait un partenaire financier. Ce faisant, il a présenté un plan de croissance pour Easyfairs, avec un bénéfice annuel de 50 millions d’euros. Son entreprise a été durement touchée par la crise de Corona et il semble qu’Everard veuille profiter de la reprise actuelle du marché pour passer à la caisse de manière substantielle. Dans la foulée, des évaluations d’Easyfairs dépassant le demi-milliard d’euros circulent. Everard contrôle son entreprise par l’intermédiaire du holding Everex, détenu à 90 % par lui-même et son épouse Muriel Morettini. Nous évaluons provisoirement leur patrimoine à 250 millions d’euros.

Eric Everard a fondé sa première société Artexis en 1997, qui a racheté quelques foires et événements en Belgique et est devenue active dans la gestion d’espaces d’exposition. En 2013, l’organisateur de salons Easyfairs a fusionné avec Artexis, fondée en 2004 en tant que propriétaire de halls d’exposition. L’entreprise se concentre sur les événements de courte durée, avec des prix forfaitaires et l’utilisation de modules d’exposition standardisés qu’Easyfairs monte et démonte.



La croissance initiale d’Artexis a été largement soutenue par la société publique d’investissement bruxelloise GIMB. En 2007, elle a prêté 15 millions d’euros à Everard, ce qui lui a permis d’acheter Flanders Expo à Gand. Au cours des années suivantes, GIMB a souscrit à quatre augmentations de capital, acquérant ainsi jusqu’à 12 % de la société. Mais, fait remarquable, chaque augmentation de capital a été suivie d’une réduction de capital. Et la majeure partie de cette somme revenait toujours à Everard. Le journal L’Echo a calculé que la GIMB avait investi 18 millions d’euros dans Artexis. Cette dernière était donc le plus gros dossier de GIMB. En raison des réductions de capital, 8,7 millions d’euros sont revenus à Everard et seulement 0,9 million à la GIMB. Selon Serge Villain, alors directeur général de la GIMB, il s’agissait d’un moyen de rembourser le capital.

Aujourd’hui, Easyfairs organise 110 salons par an dans 12 pays, dont la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, les pays nordiques, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Algérie. Elle possède également huit halls d’exposition, dont Antwerp Expo, Flanders Expo (Gand) et des halls à Gorinchem et Hardenberg (Pays-Bas), ainsi qu’à Malmö et Stockholm (Suède). Cette croissance a été récompensée en 2018 par le prix de l’Entreprise francophone de l’année. Depuis, Easyfairs a réalisé d’autres acquisitions, notamment l’organisateur de salons italien Quickfairs et l’entreprise britannique European Trade & Exhibition Services en octobre dernier. Easyfairs tire 85 % de ses revenus de l’organisation de salons, le reste provenant de la location de ses halls d’exposition pour divers événements.

Easyfairs a été durement touchée par la crise financière. Au cours de l’exercice 2020-2021, le chiffre d’affaires a chuté de près de 90 % pour atteindre 15 millions d’euros et le résultat brut d’exploitation a plongé dans le rouge à hauteur de 30 millions d’euros. Everard a pu surmonter cette période grâce à des capitaux frais, au soutien des pouvoirs publics et à de nouvelles lignes de crédit. En décembre 2020, Everard a injecté 15 millions d’euros dans Easyfairs, en collaboration avec Jacques de Vaucleroy, pair de Delhaize, Arnaud Laviolette (ex-directeur financier de D’Ieteren), Christophe Convent (DPG Media), Olivier Coune (président de Marcolini), Dominique Baudoux (ex-Pranarôm) et Michel Delloye (ex-GBL), entre autres. En outre, la société a reçu, sous diverses formes, près de 25 millions d’euros de soutien public. Elle a également négocié avec ses banques, ce qui s’est traduit, entre autres, par une nouvelle ligne de crédit de plus de 60 millions, largement garantie par la société flamande Gigarant (PMV). Ces investisseurs privés détiennent désormais 5 % de la holding de tête Everex,

Selon la presse financière, deux candidats sont désormais en lice pour devenir actionnaires majoritaires d’Easyfairs. Il s’agit, d’une part, de la société internationale de capital-risque CVC et, d’autre part, de la société belge Cobepa, dont l’actionnaire principal est la famille AB InBev de Spoelberch. Cette dernière » s’est associée au fonds d’investissement britannique Inflexion dans le processus. Easyfairs pourrait être valorisée entre 500 et 700 millions d’euros dans le cadre de la transaction. Pour CVC, il s’agirait alors de sa troisième opération d’envergure en Belgique à court terme. En juin 2023, le fonds a acheté 22,5 % du fournisseur de services de ressources humaines SD Worx et en avril de cette année, il a acheté la majorité de la société de ressources humaines World of Talents. CVC détient également 55 % du groupe de jeux Gaming One et est actionnaire du fabricant de profilés en aluminium Corialis.