L’entrepreneur flamand Guido Dumarey souhaite reprendre le constructeur d’autobus Van Hool, en quasi-faillite à Lierse, mais pas à n’importe quelle condition. Tout d’abord, l’entreprise doit rester une seule entité et ne pas être scindée. La production d’autobus restera en Belgique et devrait être renforcée par une division lucrative de véhicules militaires qui devrait représenter 10 % du chiffre d’affaires. Il y a donc un avenir dans l’entreprise pour 1.800 des 2.500 employés. Une reprise doit cependant être précédée d’une faillite qui permet de faire tabula rasa. « Nous ne pouvons pas être responsables du passé ». a déclaré Dumarey. Selon l’homme qui a assaini plusieurs producteurs européens de pièces automobiles, les travailleurs ont une grande chance : il y a des élections dans 90 jours et le gouvernement flamand ne veut pas aller aux urnes avec un Van Hool en faillite. Une solution doit donc être trouvée rapidement. Néanmoins, il ne se donne que 30 % de chances de mettre la main sur l’entreprise.
On peut dire trois choses de Guido Dumarey : il a de l’expérience dans la réorganisation et le redémarrage de producteurs de pièces automobiles, une fois qu’il commence quelque chose, il persévère et il sait généralement trouver la voie de la moindre résistance, lisez du financement le moins coûteux. C’est ce qui ressort de la première interview qu’il a accordée ce matin concernant Van Hool sur Radio 1. Pour Dumarey, la situation est claire. La direction et la famille Van Hool n’ont pris aucune décision au cours des dernières décennies. Dans le même temps, l’entreprise a été confrontée à une tempête parfaite : corona, hausse des coûts de l’énergie et de l’inflation, guerre en Ukraine. Cette guerre a entraîné le départ des employés de l’usine Van Hool de Macédoine vers l’Allemagne, car les Ukrainiens qui s’y trouvaient retournaient dans leur pays pour combattre au front. En conséquence, Van Hool a dû déplacer sa capacité dans la direction opposée, de la Macédoine bon marché vers la Flandre coûteuse. En parlant de guerre, M. Dumarey estime que Van Hool n’a pas su tirer parti du marché de la défense, où les marges bénéficiaires sont beaucoup plus élevées.
L’entreprise a aussi des atouts. Ses employés sont des artisans, même s’ils sont plus âgés. Étant moi-même âgé de 65 ans, M. Dumarey explique que ma génération a tendance à être plus disciplinée que les plus jeunes. Van Hool contrôle 16 % du marché européen des autobus à deux étages. Et aux États-Unis, avec son partenaire ABC, il contrôle 30 % du marché. Ce n’est donc pas négligeable. Mais Dumarey ne veut pas payer pour l’entreprise. L’administrateur judiciaire doit permettre un redémarrage rapide. Dumarey ne dit pas que tous les coûts historiques et les coûts de licenciement social seront à la charge de la société, mais c’est implicitement le prix que la Flandre doit payer pour maintenir l’activité dans sa propre région.
M. Dumarey considère 2024 comme une année de transition au cours de laquelle la production devrait être rationalisée et un système ERP valide mis en place dans l’entreprise. En 2025, il sera alors possible de fonctionner normalement. Cependant, il n’estime pas que ses chances soient aussi élevées. Il y a un certain nombre de grands acteurs qui sont sur la sellette et qui peuvent immédiatement mettre en avant les avantages de l’échelle. Mais selon M. Dumarey, il y a de fortes chances que la capacité industrielle finisse par se déplacer à l’étranger. Les temps à venir s’annoncent donc passionnants.