IMMOBILIER – Paul Gheysens doit mettre les bouchées doubles avec Ghelamco

Paul Gheysens (Photo: Belga Images)

Le promoteur immobilier Paul Gheysens doit vendre des biens immobiliers supplémentaires avec sa société Ghelamco au cours des 18 prochains mois afin de réduire ses dettes et d’améliorer sa solvabilité. Le rapport annuel publié par Ghelamco le week-end dernier indique que « comme une partie importante du portefeuille immobilier arrive à la fin du cycle de développement, le groupe est actuellement confronté à une position de trésorerie et de liquidité temporairement limitée ». Si le programme de vente prévu n’aboutit pas, Ghelamco déclare qu’elle prendra des « mesures alternatives ». Cette situation indique l’existence d’une incertitude matérielle quant à la capacité du groupe à poursuivre ses activités », a indiqué le groupe. Ghelamco ne prévoit pas de dépenses ou d’achats soudains entraînant une sortie de fonds immédiate au cours des 18 prochains mois.

Le journal De Tijd a consacré toute sa première page à l’analyse négative du rapport annuel de Ghelamco. Cette société a déjà annoncé la semaine dernière qu’elle avait enregistré une perte nette de 32 millions d’euros l’année dernière, en grande partie à cause d’une réduction de valeur consécutive à un procès perdu au sujet de l’Eurostadion à Bruxelles. Elle a toutefois réalisé un bénéfice au cours du second semestre de l’année. Ghelamco a vu sa dette financière nette augmenter à 1,34 milliard d’euros, mais dispose de fonds propres importants, supérieurs à 1 milliard d’euros. Néanmoins, plusieurs éléments du rapport annuel indiquent des difficultés financières, selon le journal. Avec la combinaison de dettes élevées et de taux d’intérêt en hausse, Ghelamco a vu ses coûts financiers augmenter fortement. Cette année, 895 millions d’euros de dettes à court terme arrivent à échéance, dont 350 millions d’euros sont couverts, selon Ghelamco. Cela peut jeter un doute substantiel sur la capacité du groupe à poursuivre ses activités (« going concern ») », indique le rapport.



L’année dernière, Ghelamco a vendu des propriétés et des terrains pour 320 millions d’euros. Dans le village de ski français de Courchevel, Paul Gheysens a vendu le Chalet 1850 l’été dernier pour 15 millions d’euros. En février de cette année, l’hôtel Pomme de Pin y a été vendu pour 62 millions d’euros. En Belgique, Ghelamco a conclu des ventes pour trois bâtiments qui seront livrés cette année : le centre de données Nexus à Zellik (55 millions d’euros) et les immeubles de bureaux anversois Nova One (41 millions d’euros) et Copernicus (36 millions d’euros). En Pologne, pays de base de Ghelamco, le groupe immobilier coté Archicom a repris plusieurs projets.

En outre, Ghelamco doit faire face à des prêts plus coûteux. Ainsi, le rapport annuel mentionne un prêt à court terme de 10 millions d’euros que Ghelamco a contracté auprès d’un tiers pour « certains projets polonais spécifiques » à un taux d’intérêt de 15 %. Au Royaume-Uni, la marge d’intérêt est de 13 % pour les prêts mezzanine, une forme de financement entre le crédit et le capital-risque que Ghelamco a partiellement utilisée pour son projet londonien The Arc. Ghelamco souligne dans son rapport annuel qu’elle n’a pas manqué à ses engagements l’année dernière. Paul Gheysens ne trouve pas le rapport annuel en soi alarmant. « Peu d’entreprises disposent d’un tel portefeuille de projets ‘high standard’ qui suscitent aujourd’hui beaucoup d’intérêt », déclare-t-il dans une réaction au journal. « Grâce au taux d’achèvement et à la bonne tenue des locations, nous pouvons maintenant les valoriser. »