
Le procès pénal contre la banque en faillite Optima s’éternise. La faillite d’Optima en juin 2016 a été suivie d’une vaste enquête pénale dont le principal suspect est Jeroen Piqueur. L’ancien dirigeant d’Optima, son fils Ruben et sa fille Rebecca ont été arrêtés par le juge d’instruction de Gand dès décembre 2017. Jeroen Piqueur est soupçonné d’abus de biens sociaux, de blanchiment d’argent, d’insolvabilité frauduleuse et de violation de la législation bancaire. Le 20 février, l’affaire a été officiellement ouverte devant le tribunal correctionnel de Gand, mais Hans Rieder, l’avocat de Piqueur, a immédiatement déposé une demande de récusation contre les trois juges en exercice. La cour d’appel de Gand a ensuite jugé que la demande de Rieder n’était pas fondée. Le procureur général a alors réclamé à Piqueur une amende de 20 000 euros pour entrave à la justice. Piqueur et Rieder ont alors décidé de se pourvoir en cassation dans l’affaire de la contestation. L’affaire a été reportée au 21 mai.
Entre-temps, l’affaire pénale n’a pas empêché les curateurs de continuer à compléter le dossier de faillite. À ce jour, ils ont réalisé 91 millions d’euros de recettes provenant de la faillite d’Optima Bank, dont il faut certes encore déduire les frais. Le fonds de garantie, qui intervient pour verser aux clients de la banque une épargne garantie jusqu’à 100 000 euros, a été intégralement remboursé. Les épargnants qui avaient plus de 100.000 euros chez Optima ont également la perspective de récupérer leur argent, mais un versement rapide n’est pas à l’ordre du jour. Pour cela, les curateurs attendent l’issue de la procédure pénale qui a été reportée. En effet, dans ce cas, la confiscation de certains actifs et/ou fonds pourrait encore suivre. Entre-temps, les curateurs disposent encore d’environ 30 millions d’euros en liquide.
Un certain nombre de titulaires de comptes sont répertoriés comme clients institutionnels et ne sont pas couverts par le fonds de garantie. Leurs créances sont contestées. Ils peuvent espérer récupérer autant que possible en tant que créanciers ordinaires. Il s’agit notamment du Holding flamand de l’énergie, du Fonds audiovisuel flamand, de la commune de Boortmeerbeek et d’un certain nombre d’autorités locales wallonnes. Les curateurs ont également entamé une procédure civile contre le régulateur bancaire, la Banque nationale de Belgique (BNB). Ils accusent le régulateur de ne pas avoir agi assez rapidement. Jeroen Piqueur a également engagé une procédure contre la BNB. Selon lui, la faillite n’était pas nécessaire et la BNB l’a provoquée. Toutes ces procédures civiles doivent en principe attendre l’issue de la procédure pénale.
Dans le cadre de l’affaire pénale, le ministère public souhaite faire comparaître 12 acteurs clés devant le tribunal correctionnel. Il s’agit de Jeroen Piqueur, de son fils et de son gendre, ainsi que de l’ancien ministre socialiste Luc Van den Bossche, qui a été directeur général d’Optima Bank de 2011 à 2015 et qui est ensuite devenu président de la société immobilière Optima Global Estate. Jos Sluys, qui détenait une participation minoritaire dans la banque par l’intermédiaire de sa société d’investissement Saffelberg, doit également répondre de son implication. Selon le bureau du procureur, sa participation n’était pas de bonne foi.