Le tribunal de Liège acquitte François Fornieri pour délit d’initié

François Fornieri (Photo: Belga Images)

L’entrepreneur liégeois François Fornieri, fondateur de la société pharmaceutique cotée Mithra, disposait-il d’informations privilégiées concernant le lancement du médicament PeriNesta ? Oui, selon le tribunal correctionnel de Liège. A-t-il transmis ces informations privilégiées à son ami Samuel Di Giovanni, fondateur de la société de sécurité Protection Unit, afin qu’il puisse acheter des actions Mithra avant que le cours de l’action ne s’envole ? Non, a estimé le même tribunal, qui a acquitté l’homme d’affaires liégeois du délit d’initié. François Fornieri n’a pas commenté le verdict, ce sont ses avocats qui l’ont fait. « A aucun moment François Fornieri n’a donné d’informations à qui que ce soit. Il connaît les règles du marché et les respecte. C’est d’ailleurs la première chose qu’il a dite aux enquêteurs il y a quatre ans. Aujourd’hui, le tribunal a estimé qu’il n’y avait pas de preuve de transmission d’informations privilégiées et nous sommes toujours convaincus que ce dossier doit aboutir à un acquittement », a déclaré l’avocat Philippe Culot à l’issue de l’audience. Le parquet de Liège a maintenant 30 jours pour faire appel de cette décision.

François Fornieri risquait une peine de 18 mois de prison avec sursis, une amende de 60 000 euros, la confiscation de plus de 230 000 euros, une interdiction professionnelle de trois ans et le paiement de 40 000 euros de frais de justice. Il a été acquitté au bénéfice du doute, faute de preuves. Quels sont les faits ? L’information privilégiée dont disposait Fornieri était le lancement du médicament PeriNesta en 2018. Au cours du mois de décembre 2018, François Fornieri avait versé près de 900 000 euros à Samuel Di Giovanni, qui avait ainsi acheté des actions Mithra avant et après l’annonce du lancement du PeriNesta. Il a revendu ses actions en mars 2019, avec un bénéfice de moins de 10 000 euros.



L’enquête judiciaire a mis Samuel Di Giovanni dans une position difficile. De telles enquêtes pénales étaient incompatibles avec son statut de propriétaire de l’entreprise de sécurité Protection Unit. Par la suite, Di Giovanni a conclu un accord avec l’accusation, classant l’affaire. Fait remarquable, Fornieri a demandé la même transaction, ce qui a été rejeté par le ministère public. Le flamboyant homme d’affaires liégeois n’a donc pas pu échapper à son procès.

Dans son verdict, le tribunal a déclaré que la position de François Fornieri en tant que CEO et actionnaire de Mithra le mettait effectivement en possession d’informations privilégiées susceptibles d’influencer le cours de l’action Mithra. « François Fornieri avait connaissance de tous les éléments susceptibles d’influencer le cours de l’action », a déclaré le président du tribunal correctionnel, avant de préciser que « rien dans le dossier ne permet de conclure que François Fornieri a transmis des informations à Samuel Di Giovanni ». Les deux hommes étaient en contact régulier et se téléphonaient plusieurs fois par jour, mais cela ne prouve en rien le délit d’initié, a ajouté le président. De même, rien ne prouve que l’achat par Samuel Di Giovanni d’un paquet d’actions Mithra ait été autre chose qu’un investissement classique. Samuel Di Giovanni a détenu ces actions pendant un certain temps avant de les vendre. « Les seuls faits incriminants sont deux messages WhatsApp qui ne prouvent pas que des informations privilégiées ont été transmises », a conclu le président du tribunal pénal. Ces éléments n’ont pas permis de dissiper les doutes quant à l’utilisation abusive d’informations privilégiées.

Le verdict actuel est une première étape dans le règlement judiciaire de l’affaire Fornieri. Il y a aussi le dossier Publifin. En 2021, Fornieri a conclu un accord douteux et, selon l’accusation, illégal, avec Stéphane Moreau, alors dirigeant de l’intercommunale liégeoise Publifin. Fornieri a promis une prime généreuse à Moreau et, en échange, a acquis gratuitement la filiale éolienne de l’intercommunale, société éolienne dont Moreau allait à nouveau devenir l’administrateur délégué un peu plus tard. Une opération dont les deux hommes ont tiré un profit exceptionnel, mais dont l’intercommunale sortirait sans le sou. Une transaction qui était en fait trop transparente et qui s’est soldée par une plainte pénale du chef du PS Elio Di Rupo.