Les Belges des Grandes Fortunes s’opposent à l’impôt sur la fortune

Filip Balcaen, cosignataire de la lettre ouverte.

« La richesse est l’oxygène de la croissance. Ceux qui la taxent détruisent les entreprises ». Tel est le message clé que plus de 400 représentants d’entreprises familiales font passer dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui dans le Tijd. En cette période de polarisation électorale, l’impôt sur la fortune est devenu un champ de bataille sur lequel les partis de gauche se livrent à une surenchère publique. Selon le Bureau du Plan, un tel impôt pourrait coûter aux familles fortunées entre 2 et 10 milliards d’euros. Mais selon ces familles elles-mêmes, ces impôts n’ont qu’un effet négatif. « Un impôt supplémentaire sur le patrimoine tel que proposé aura un impact négatif sur notre prospérité », affirment-elles dans la lettre ouverte. « La richesse elle-même n’est généralement pas de l’argent liquide dont le gouvernement peut facilement prélever une partie. La richesse est liée aux entreprises, aux usines et à leur équipement industriel, à la recherche et au développement et, en fin de compte, aux actions. Les entreprises ancrées ici, telles que les PME et les entreprises familiales, devront progressivement vendre leurs actions pour contribuer à l’impôt annuel sur la fortune. Cela freine l’investissement et encourage les prises de contrôle par des sociétés étrangères et la fuite des capitaux ».

Les entreprises ancrées localement ont été un moteur essentiel de notre prospérité depuis de nombreuses générations, selon les signataires de la lettre ouverte que nous reproduisons ci-dessous en grande partie.



« Malgré les crises, les bouleversements et les cycles économiques, les entrepreneurs locaux restent la force silencieuse et puissante de notre économie. En tant que tels, les entrepreneurs et les familles en Belgique ont contribué à notre prospérité depuis des générations et ont aidé à faire de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. Les entreprises familiales ont permis aux citoyens belges de figurer parmi les plus riches d’Europe. Elles fournissent des emplois et un ancrage locaux et exportent bien au-delà de l’Europe.

Les entreprises familiales représentent 80 % des sociétés employant des salariés, 45 % de la main-d’œuvre et plus d’un tiers du produit intérieur brut de la Belgique. Les entreprises familiales distribuent également moins de dividendes que les autres entreprises : les bénéfices sont beaucoup plus réinvestis. Les entreprises familiales sont également beaucoup plus performantes que les autres entreprises. Sur une base annuelle, la croissance de leur valeur ajoutée est supérieure de 7 points de pourcentage à celle des autres entreprises.

Les entreprises familiales ne sont pas seulement l’épine dorsale de notre économie, elles jouent également un rôle crucial dans les exportations et la compétitivité de la Belgique. Elles sont essentielles à notre prospérité. En transmettant les entreprises familiales et le capital à la génération suivante, nous ancrons également la prospérité chez nous, là où nous en avons besoin.

En tant que représentants des entrepreneurs et des entreprises familiales, nous sommes donc très préoccupés par la facilité avec laquelle l’impôt sur la fortune est proposé comme réponse à tous nos défis fiscaux. Aucun débat électoral ne passe sans qu’ils ne soient la solution miracle à tous les problèmes. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Un impôt sur la fortune n’est pas la même chose qu’un impôt sur le revenu. Avec un impôt sur la fortune, vous ouvrez la porte à la perte d’investissements locaux à court terme. Nous ne devons pas commettre cette erreur ici. Les investissements réalisés par des entreprises bien implantées contribuent à maintenir notre prospérité à long terme. En ce qui concerne les impôts sur le travail et sur le capital, la Belgique se situe bien au-dessus de la moyenne de l’UE et des pays voisins. En ce qui concerne l’impôt sur la fortune, notre pays se situe au troisième rang de l’Union européenne.

D’autres pays ont déjà prouvé qu’un impôt sur la fortune est une mauvaise idée. Sur les douze pays européens qui en avaient un, pas moins de neuf – dont la France, l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et la Suède – l’ont déjà supprimé. Les raisons ? Inefficacité, trop d’incertitude juridique, délocalisation des centres de décision et recettes trop faibles. La Belgique n’a pas besoin de plus d’impôts, elle a besoin de plus d’entrepreneurs créateurs d’emplois. Le reste suivra ».

Voilà pour la lettre ouverte. Parmi les signataires, on trouve Filip Balcaen (Baltisse), Charles Beauduin (Barco et Vandewiele), Luc Bertrand (Ackermans & van Haaren, père de la ministre fédérale du budget Alexia Bertrand), Xavier Bouckaert (Roularta), Jan Clarebout (entreprise familiale de pommes de terre éponyme), Dominiek De Clerck (Beaulieu), Jacques Delen (Banque Delen), parmi d’autres, Marc du Bois (Spadel), Evelyn du Monceau (UCB), Christian Dumolin (Koramic), Marnix Galle (Immobel), Gaëtan Hannecart (Matexi), Stefan et Karl Huts (Katoen Natie), Pierre Macharis (VPK), Michel Moortgat (Duvel), Michèle Sioen, Cédric Van Belle (Puratos), Philippe Van Damme (AB Inbev), Guido Vanherpe (La Lorraine), Henri-Jean Velge (Bekaert).