NOUVEAU – Charles Beauduin et les mathématiques supérieures des actifs d’impôts différés

Charles Beauduin (Photo: Belga Images)

L’entrepreneur bruxellois Charles Beauduin traverse une période difficile. Son entreprise Vandewiele, un fabricant de machines textiles, doit faire face à une perte d’exploitation de 3 millions d’euros pour un chiffre d’affaires en baisse (de 944 à 807 millions d’euros). Mais après les retours financiers, cette perte se transforme en un bénéfice avant impôts de 70 millions d’euros. Le résultat final est un bénéfice net de 108 millions d’euros, en partie dû à la reprise de 57 millions d’euros d’actifs d’impôts différés. Le point sensible de cette histoire est la participation de 22 % que Beauduin détient dans Barco, société cotée en bourse, à la fin de l’année 2023. Les mauvais résultats ont fait chuter le cours de l’action de Barco de 23 euros fin 2022 à 16,5 euros fin 2023. La société reprend alors 132 millions d’euros d’une plus-value précédemment comptabilisée sur ces actions. Cette plus-value est encore de 26 millions d’euros dans le bilan de Vandewiele à la fin de 2023. Mais au cours actuel de l’action Barco de 11 euros, cette plus-value de 26 millions d’euros se transforme en une perte de 84 millions d’euros. Charles Beauduin doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire remonter le cours de l’action cet automne.

Un actif d’impôt différé est une mathématique plus élevée qui est généralement traitée par des comptables spécialisés. L’exemple suivant peut l’expliquer. Supposons que votre entreprise ait connu une mauvaise année et qu’elle enregistre par conséquent une perte de 200 000 euros en 2023. Sur la base de prévisions, vous estimez que les bénéfices reviendront en 2025. Dans ce cas, vous pouvez comptabiliser un actif d’impôt différé de 54 000 euros (200 000 x 27 % de taux d’imposition). Vous spéculez, pour ainsi dire, sur des bénéfices futurs sur lesquels vous percevez déjà des déductions fiscales grâce aux pertes reportées.



Les difficultés que Charles Beauduin doit surmonter chez Barco sont bien moindres. Le cours de l’action de l’entreprise technologique cotée à Courtrai a chuté de 15,8 % après les résultats décevants du premier trimestre de cette année. Le chiffre d’affaires a chuté de 21 % pour atteindre 195,9 millions d’euros. Barco se concentre sur cinq produits : les projecteurs de cinéma numérique, les projecteurs d’expérience immersive, les écrans médicaux, les salles de contrôle et Clickshare, ou technologie pour salles de réunion. Les projecteurs de cinéma numérique représentent la moitié du chiffre d’affaires. Dans ce domaine, Barco a souffert de la grève des scénaristes à Hollywood, qui a rendu les chaînes de cinéma moins enclines à acheter de nouveaux projecteurs. L’entreprise ne s’attend à une reprise du marché qu’au second semestre, ce qui permettra aux ventes de 2024 d’égaler celles de 2023. Plus tôt, M. Beauduin est redevenu CEO de Barco. Ce faisant, son défi est d’apporter une plus grande force d’innovation à l’entreprise.