NOUVEAU – Les actionnaires familiaux de SCR-Sibelco récupèrent 149 millions d’euros

Pascal Emsens (Photo : SCR-Sibelco)

La société Silfin verse 149 millions d’euros de capital à sa société mère SCR-Sibelco. Silfin est la « banque interne » de la multinationale minérale SCR-Sibelco. Celle-ci a son siège social à Anvers et est détenue par les groupes familiaux Emsens et de Sadeleer. Au cours de la dernière décennie, Silfin a principalement exercé ses activités en tant que banquier du groupe. Mais en 2021, la banque a versé un dividende de 16 millions d’euros et en 2019, un méga-dividende de 289 millions d’euros a été distribué. SCR-Sibelco prévoit un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2024 et un bénéfice net de 134 millions d’euros. Au cours des deux dernières années, l’entreprise a versé un dividende de 68 millions d’euros. SCR-Sibelco est un producteur et vendeur de matières premières minérales présent dans plus de 30 pays et qui emploie plus de 5 000 personnes.

Le groupe SCR-Sibelco peut prendre au pied de la lettre l’adage selon lequel l’argent est la boue de la terre. SCR-Sibelco s’est développé grâce à l’exploitation du sable blanc dans la région de la Campine. Ce sable est principalement utilisé pour la production de verre. À partir de cette plateforme, Stanislas Emsens, décédé en 2018, a bâti un groupe mondial avec des activités minières, ancré en Europe, aux États-Unis et au Mexique.



SCR-Sibelco est l’une des multinationales belges les moins connues. L’histoire de SCR-Sibelco est presque littéralement ancrée dans le hameau de Stevensvennen et Mol Rauw, près de Lommel. Des décennies d’exploitation de sable de quartz par cette entreprise de la Campine, qui pèse plusieurs milliards, ont donné naissance à deux énormes puits artificiels. Il ne reste aujourd’hui qu’une seule carrière en activité, reliée par un pipeline de 6 kilomètres à travers la réserve naturelle jusqu’à Dessel, où l’entreprise extrait diverses qualités de sable et de minéraux des boues de dragage. L’implantation de la verrerie Glaverbel à Mol est une conséquence directe de la présence du sable blanc que SCR extrait du sol.

Stany Emsens a épousé Marie-Claire Boël, descendante d’une famille centenaire d’industriels de l’acier, aujourd’hui surtout connue pour la holding Sofina. Les Boël ont à leur tour des ramifications dans l’actionnariat du géant de la chimie Solvay et d’AB InBev.

Au cours de l’été 2020, il est apparu clairement qu’un groupe d’actionnaires minoritaires allemands contrôlait 20 % de Sibelco. Au milieu des années 70, Sibelco a racheté le groupe allemand Quarzwerke par le biais d’un échange d’actions. Les Allemands sont alors devenus actionnaires de Sibelco. Leur participation exacte n’a toutefois jamais été divulguée. En juin 2020, un conflit a éclaté avec ces actionnaires allemands. Des difficultés rencontrées par le groupe énergétique Covia, l’une des principales filiales américaines de Sibelco, ont entraîné une perte de 672 millions d’euros en 2019. Fin 2017, Sibelco a acquis 63 % de Covia. Trois ans plus tard, le groupe énergétique américain Covia a conclu un accord judiciaire lui permettant de survivre sous une forme allégée. Covia a été l’une des principales victimes de la crise du marché américain de l’énergie. Sibelco a ainsi été victime de la fragilité de Covia. Les liens avec le groupe américain ont été définitivement rompus. Cette opération a entraîné une dépréciation de 1,8 milliard d’euros pour Sibelco. Cela a provoqué une vive agitation parmi les actionnaires minoritaires allemands, mais aussi parmi les actionnaires familiaux. Ces derniers ont alors décidé de racheter les actions des actionnaires allemands. Les actions de SCR-Sibelco sont actuellement réparties entre les familles Emsens, Speeckaert et de Saedeleer.