NOUVEAU – Les beaux jours des fabricants de frites sont révolus, Agristo reporte ses projets français

(Photo : Agristo)

Le producteur belge de frites Agristo, détenu par les familles Wallays et Raes, reporte de trois ans le lancement d’une nouvelle ligne de production de frites surgelées dans le nord de la France. Cette décision fait suite à un ralentissement conjoncturel dans l’industrie de la frite qui dure depuis plusieurs mois déjà. « Tout le monde dans le monde de la pomme de terre a connu des temps fastes, mais nous devrons peut-être nous contenter désormais de marges plus faibles que par le passé », déclare Mathieu Vrancken, producteur de pommes de terre et président de l’organisation professionnelle de la filière pomme de terre belge Belpotato.be. La production de frites surgelées est un secteur crucial en Flandre. Le leader incontesté du marché, Jan Clarebout, avait apparemment anticipé le retournement conjoncturel. Il a vendu son entreprise d’envergure européenne au groupe américain Simplot, une opération de plusieurs milliards qui devrait être finalisée le mois prochain.

Il y a quelques mois, Agristo a commencé la construction d’une nouvelle usine sur le site d’Escaudœuvres, dans le nord de la France. Le producteur de frites devait y investir 350 millions d’euros dans une usine qui, à terme, devrait fournir 300 000 tonnes de produits finis à base de pommes de terre par an. Les entrepreneurs concernés, avec en tête la société Alheembouw de Peter Temmerman, ont toutefois récemment été informés que l’orientation de la production avait changé et que les plans de production de frites étaient provisoirement suspendus. « Nous reportons la ligne de production de frites à juin 2030 », ont-ils déclaré au magazine spécialisé Vilt qui rapporte la nouvelle. « La production de la gamme pure sera avancée de trois ans et démarrera en juin 2027, en même temps que la gamme de hashbrowns déjà prévue. Cela nous permettra de mieux répondre aux besoins et à la demande de nos clients. » Agristo dispose de marchés particulièrement solides en France et au Royaume-Uni.



Comme l’ensemble du secteur, Agristo a connu une forte croissance ces dernières années. Actuellement, le groupe affiche une capacité de production de 900 000 tonnes de produits finis par an. L’objectif est désormais d’atteindre une croissance de 5 % par an. Il y a quelques années, cette croissance était encore bien supérieure. Sur le site d’Agristo à Wielsbeke, en Flandre occidentale, une quatrième ligne de production sera mise en service l’été prochain, et les projets internationaux en Inde et aux États-Unis se poursuivent également. Aux États-Unis, le producteur souhaite construire une usine d’une capacité de 200 000 tonnes de frites surgelées par an. En Inde, où seuls des flocons de pommes de terre déshydratés sont actuellement fabriqués, une ligne de production de frites devrait également être mise en service l’année prochaine. Au total, il s’agit d’un programme d’investissement de plus d’un milliard d’euros.

Il sera plus difficile de poursuivre la croissance en Europe. Le moteur du secteur de la pomme de terre tourne au ralenti depuis des mois et le report chez Agristo semble indiquer que les transformateurs sont en train de revoir leurs plans d’expansion européenne. « Cela ne me surprend pas, honnêtement », réagit Mathieu Vrancken, producteur de pommes de terre et président de l’organisation professionnelle pour le secteur Belpotato.be, à Vilt. « Je pense que tous les acteurs du secteur de la pomme de terre doivent réfléchir sérieusement à la manière dont nous devons gérer la situation actuelle du marché de la pomme de terre dans les années à venir. Nous devons trouver un nouvel équilibre. » Selon M. Vrancken, une nouvelle expansion n’est pas la solution la plus judicieuse. « Tout le monde dans le monde de la pomme de terre a connu des périodes fastes, mais nous devons peut-être nous contenter aujourd’hui de marges plus faibles que par le passé. »

Il souligne que ces marges plus faibles doivent également être réparties de manière équilibrée sur l’ensemble de la chaîne, afin que chaque acteur puisse réaliser des bénéfices. « Environ un tiers des pommes de terre sont vendues sur le marché libre. Les prix y sont actuellement très bas. Si cette situation perdure pendant toute la saison, les producteurs n’en tireront aucun bénéfice et les transformateurs bénéficieront d’un avantage concurrentiel grâce à une matière première moins chère. »