Le groupe sidérurgique NLMK Belgium Holdings a augmenté son capital de 82 millions d’euros pour le porter à 484 millions d’euros. L’entreprise contrôle des producteurs de tôles d’acier à La Louvière et à Clabecq. Le groupe sidérurgique est détenu à 49 % par le gouvernement wallon et par l’oligarque russe Vladimir Lissine. Ce dernier est propriétaire de NLMK, le plus grand producteur d’acier de Russie. Sa fortune est estimée à 20 milliards d’euros. Selon l’Ukraine, NLMK fournit des tôles d’acier à l’industrie de la défense russe, ce que l’entreprise elle-même dément vigoureusement. La Louvière et Clabecq transforment des lingots d’acier provenant de Russie. Récemment, la Commission européenne a accordé à NLMK un délai supplémentaire de quatre ans pour trouver des alternatives à ces importations d’acier en provenance de Russie. Entre-temps, les deux entreprises continuent à enregistrer des pertes. Pour Clabecq, ces pertes s’élèvent à 56 millions d’euros pour les années 2022 et 2023. La Louvière a enregistré 120 millions d’euros de pertes l’année dernière, jusqu’à la fin du mois de novembre.
Il est clair que le dossier NLMK est délicat compte tenu de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. À la fin du mois dernier, l’aciérie NLMK de Lipetsk, à quelque 400 kilomètres au sud-est de Moscou, a été attaquée par des drones. Après l’attaque, un incendie s’est déclaré sur le site. Selon le gouverneur local, il a été rapidement éteint et les dégâts ont été limités. Des sources anonymes ont ensuite affirmé que l’attaque était l’œuvre de l’Ukraine dans le but de perturber la production de l’usine NLMK. Officiellement, cependant, aucune confirmation n’est venue du côté ukrainien.
L’attaque a eu lieu peu de temps après la décision européenne concernant NLMK. Cette décision a été prise après des mois de négociations discrètes et constitue une exception aux sanctions européennes introduites après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’Europe avait auparavant accordé un sursis jusqu’à cette année, mais cette période était trop courte, selon la direction de l’usine. NLMK est désormais autorisé à importer de l’acier de Russie jusqu’en septembre 2028. Ce délai serré aurait été un désastre pour NLMK et une hécatombe sociale pour la Wallonie, a déclaré le Premier ministre wallon Elio Di Rupo (PS), qui a mené les négociations avec le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD). L’entreprise wallonne emploie 1 150 personnes et représenterait 4 000 emplois indirects. L’entreprise n’a pas voulu dire si l’actionnaire russe pouvait rester. M. Di Rupo reste prudent quant à l’actionnariat. Lissine n’appartient pas au groupe d’oligarques proches du président russe Vladimir Poutine. Nous avons été très heureux de son arrivée. Nous ne pouvons pas blâmer les personnes qui ont pris l’initiative ». a déclaré M. Di Rupo.
Un porte-parole de NLMK Europe a déclaré précédemment que les sanctions européennes n’avaient eu qu’un effet opérationnel limité. Il a indiqué que les principaux facteurs à l’origine des pertes enregistrées à Clabecq et à La Louvière étaient la baisse des volumes de vente et des prix du marché. Cela a pesé non seulement sur la marge bénéficiaire, mais aussi sur l’évaluation des actions.
