
Le groupe chimique Ravago a enregistré l’année dernière un bénéfice de 66 millions d’euros, contre 78 millions l’année précédente. Mais plus important encore, le propriétaire de Ravago, l’entrepreneur Theo Roussis, a décidé en septembre dernier que son entreprise rachèterait 5,3 % de ses propres actions pour un montant de 300 millions d’euros. Roussis évalue ainsi sa multinationale à 5,6 milliards d’euros. Il souligne ainsi que Ravago est la plus grande entreprise industrielle privée belge non cotée en bourse, avec 50 unités de production dans 60 pays à travers le monde, employant au total plus de 10 000 personnes. Un nouveau calcul porte la fortune de la famille Roussis à 5,9 milliards d’euros, ce qui la place à la 5e place de notre classement.
Le nom Ravago est l’abréviation du nom de l’entrepreneur Raf Van Gorp, originaire de la région de la Campine. Il a débuté comme petit entrepreneur à Arendonk. Il a toutefois grandi avec la vague d’investissements industriels qui a déferlé sur la Campine dans les années 1960 et 1970. De nombreuses multinationales chimiques se sont installées à cette époque dans la Campine anversoise et limbourgeoise. Van Gorp a commencé comme entrepreneur, mais s’est rapidement tourné vers le recyclage des déchets plastiques issus du processus de production. Aujourd’hui, Ravago Plastics est devenu un acteur mondial actif dans le recyclage du plastique, la production d’objets en plastique et le commerce de granulés plastiques.
Raf Van Gorp est décédé en 1993. La direction de l’entreprise a ensuite été confiée à Theo Roussis, un entrepreneur d’origine grecque marié à la fille de Raf Van Gorp, Gunhilde. Les deux se sont rencontrés pour la première fois en 1979 à Madrid. La fille du fondateur de Ravago et le fils d’un négociant en olives grec originaire de Spolaïta, dans l’ouest de la Grèce, viennent tous deux y poursuivre leurs études et se retrouvent dans une classe de dix élèves. Ils tombent amoureux et Roussis les accompagne en Belgique. Roussis, qui avait étudié la biochimie à Athènes, voulait initialement travailler dans les laboratoires de Janssen Pharmaceutica, mais son épouse l’a fait entrer dans l’entreprise familiale. Jusqu’à ce que Raf Van Gorp décède subitement en 1993 et que Roussis et sa femme doivent prendre les rênes à la hâte. Roussis devient PDG, sa femme présidente. « Ce fut un choc énorme, car sa forte personnalité dominait tout », raconte Roussis. « Il était la référence de l’entreprise. Du jour au lendemain, ma femme et moi avons dû faire face à cette nouvelle réalité. » Aujourd’hui, leur fils et leur fille sont également administrateurs du groupe. Leur fils Axel est également devenu PDG du groupe.
La croissance de Ravago passe également par des acquisitions, ce qui s’est confirmé l’année dernière. Le groupe chimique a alors réalisé six acquisitions, dont cinq transactions dans la division chimique. Il s’agit de cinq petites entreprises. La sixième acquisition est DRI Rubber, une entreprise basée aux Pays-Bas et aux États-Unis, spécialisée dans le recyclage des déchets de caoutchouc provenant de l’industrie du pneu et dans la production de composés de caoutchouc renforcés de fibres. Dans son propre pays, Theo Roussis participe avec Ravago, entre autres, au projet de développement Cores. En 2023, celui-ci a obtenu un prêt de 15 millions d’euros de Ravago et a versé l’année dernière à son actionnaire un dividende de 2,5 millions d’euros.