Pas un mais deux rapports sur le blanchiment d’argent concernant Didier Reynders au parquet

(Photo : Belga Images)

Contrairement à ce qui a été dit et pensé dans les médias, il existe bien deux signalements à l’encontre de Didier Reynders pour des transactions financières suspectes. Le premier signalement a été lancé en mars 2022 par la Loterie Nationale et portait sur un montant de 200.000 euros étalé sur une période de cinq ans. La plainte est parvenue au parquet de Bruxelles. Fin 2023, la Cellule de traitement des informations financières (CFI), la cellule anti-blanchiment du gouvernement, a également reçu un rapport sur Reynders de la part d’un des organismes tenus de signaler les transactions suspectes. Il s’agit principalement de banques, de comptables et de notaires, mais aussi de sociétés de jeux de hasard. Selon De Standaard, c’est une banque qui a signalé le cas de Reynders. Entre-temps, l’épouse de l’ex-haut responsable politique libéral fait également l’objet d’une attention particulière.

La Loterie nationale et la cellule anti-blanchiment CFI ont signalé le politicien MR Didier Reynders au parquet. Tous deux soupçonnent une opération de blanchiment d’argent. Le suspect n’a pas encore répondu à ces allégations. Hormis une brève communication de son avocat, selon laquelle Didier Reynders « conteste la qualification pénale donnée aux faits », l’ancien commissaire européen et ex-ministre des finances et des affaires étrangères reste silencieux. La Loterie Nationale a déjà fait réaliser sa propre enquête forensique, en collaboration avec l’auditeur KPMG. Cette enquête a montré que les comptes joueurs de Didier Reynders et de son épouse Bernadette Prignon étaient à l’origine de la hausse des ventes de billets électroniques.



Selon De Standaard, le dossier que le CTIF a transmis au parquet est plus étoffé que celui de la Loterie. La cellule a remonté dix ans en arrière et aurait récupéré au total quelque 800.000 euros d’argent suspect sur les comptes de Reynders. Pour sa part, l’épouse de Reynders a été magistrate principale à la Cour d’appel de Liège jusqu’à sa retraite en 2018. Lors de l’arrestation et de l’audition de Reynders il y a quinze jours, elle a également été interrogée. Les deux profils de joueurs liés à Reynders et à son épouse avaient été créés avec des adresses mail et des mots de passe différents, mais ils étaient joués à partir d’un seul numéro de téléphone, en l’occurrence celui de Reynders. L’enquête devrait permettre de déterminer si Mme Prignon savait que son mari achetait des cartes à gratter, éventuellement pour blanchir de l’argent à partir d’un compte de joueur ouvert à son nom.