NOUVEAU – Jean-Pierre Latere et EsoBiotec, 75 millions d’euros

Jean-Pierre Latere (Photo : LinkedIn)

Il y a quatre ans, Jean-Pierre Latere, 46 ans, né à Lubumbashi, a fondé la société de biotechnologie EsoBiotec avec son épouse Kabamba Nkongolo à Wavre, dans le Brabant wallon. Ce chercheur expérimenté a été fasciné par une question : comment les cellules du corps qui combattent le cancer peuvent-elles être produites plus rapidement, plus facilement et à moindre coût par le patient lui-même ? À la fin de l’année dernière, M. Latere a annoncé que son entreprise avait réalisé le premier essai clinique. Aujourd’hui, le géant pharmaceutique américain AstraZeneca met 425 millions de dollars sur la table pour racheter l’entreprise. Si Latère réussit dans ses recherches et parvient à faire fabriquer aux patients leurs propres cellules anticancéreuses, le prix de rachat que les Américains sont prêts à payer s’élève à 1 milliard de dollars. Quoi qu’il en soit, Jean-Pierre Latere entre dans notre classement avec 75 millions d’euros.

Jean-Pierre Latere Dwan’Isa a étudié la chimie à Liège. Après un post-doctorat à l’Université du Michigan, il a travaillé comme chercheur chez Johnson & Johnson, puis comme manager dans la société wallonne de biotechnologie Cardio3 Biosciences, devenue Celyad, avec un poste dans la multinationale américaine Dow Corning entre-temps. « En 2020, je suis arrivé à la croisée des chemins », explique-t-il dans une interview publiée sur le site web d’Investsud, l’un des actionnaires de l’entreprise. « À cause de Covid, tout le monde s’est arrêté un instant. J’avais 45 ans et je me suis rendu compte que je pouvais continuer à travailler pendant encore 20 ans. Je voulais consacrer cette période à la recherche de pointe, car je me suis rendu compte qu’il y avait encore trop de gens qui souffraient du cancer et que nous ne pouvions pas en traiter suffisamment ». La question centrale est de savoir si le corps humain lui-même peut produire les cellules adaptées qui attaquent le cancer in vivo. Jusqu’à présent, la production de ces cellules se fait essentiellement en dehors du corps. Le géant américain Johnson & Johnson, par exemple, dispose à Gand d’un grand centre de production de cellules CAR-T, génétiquement modifiées pour combattre les cellules cancéreuses. Mais il s’agit d’un processus long et coûteux.



La question de savoir s’il est possible de le faire dans le corps lui-même n’a pas encore trouvé de réponse. La thérapie d’EsoBiotec est le premier test clinique de création in vivo de cellules CAR-T. Ce test a lieu en Chine. L’essai a lieu en Chine, en collaboration avec Pregene Biopharma ; les résultats sont attendus dans le courant de l’année. Le premier sujet testé, qui souffrait de la maladie de Kahler, a donné des résultats positifs. AstraZeneca apporte donc son soutien à l’étude et y consacre d’importantes ressources, nécessaires pour la mener à bien. En cas de succès, les patients atteints de cancer pourraient commencer à produire leurs propres cellules anticancéreuses par une simple injection.

M. Latere a d’abord trouvé des capitaux pour sa société auprès de quelques amis et connaissances. Par la suite, environ six investisseurs professionnels se sont joints à lui et ont levé 22 millions d’euros de capitaux. Ils passent maintenant à la caisse. Il s’agit notamment des fonds publics wallons de capital-risque Wallonie Entreprendre et de celui de Charleroi, Sambrinvest. Un troisième investisseur wallon est Investsud, qui est principalement soutenu par des entrepreneurs familiaux. L’entreprise pharmaceutique UCB est également un investisseur, ainsi qu’un fonds néerlandais et un fonds espagnol.