Le milliardaire Fabien Pinckaers accélère la croissance d’Odoo (mais réduit ses bénéfices)

Fabien Pinckaers

Odoo, l’éditeur wallon de logiciels fonctionnant sur le modèle de l’open source, a pu augmenter son chiffre d’affaires de 244 à 324 millions d’euros l’année dernière. Les bénéfices, en revanche, ont fondu de 2,5 à 0,6 million d’euros. C’est que l’actionnaire majoritaire et propriétaire Fabien Pinckaers, 45 ans et milliardaire, mène une politique intransigeante. Fin 2022, alors que tous les concurrents d’Odoo ont augmenté leurs prix, Pinckaers a baissé ses tarifs pour les petites entreprises. Cela a coûté plusieurs millions du jour au lendemain. Mais après la baisse des prix, le portefeuille de clients s’est rapidement développé. C’est sur cette croissance que M. Pinckaers mise. Son ambition pour 2024 est une croissance de 45 à 50 %. D’ici à 2026, le nombre de clients devrait atteindre le milliard. Honorer la croissance, puis le profit, telle semble être la devise de Pinckaers.

Odoo est un développeur et fournisseur de logiciels pour un large éventail d’applications commerciales, de la gestion de sites web à l’administration du personnel. L’entreprise propose 80 % de ses applications gratuitement, mais les applications supplémentaires, telles que la comptabilité, sont payantes (20 euros par utilisateur et par mois). Pour cette somme, les utilisateurs ont accès à l’ensemble des applications Odoo. Le code source est ouvert et donc librement copiable. Il en résulte qu’environ 100 000 développeurs à temps plein sont actifs dans la communauté autour de l’entreprise, mais ne sont pas salariés. Sur cette masse salariale, il y a 1 578 employés à temps plein, en dehors des freelances offrant des services rémunérés, dont 502 en Amérique du Nord et du Sud et 704 en Europe. Le coût salarial du groupe est passé de 58 à 82 millions d’euros.



M. Pinckaers tient à conserver une participation majoritaire, malgré l’arrivée de capital-risqueurs qui cherchent à optimiser la valeur de l’entreprise. S’il a pu baisser ses prix, c’est précisément, explique-t-il, parce qu’il contrôle le groupe. « Pour maintenir notre culture, nous faisons principalement de la promotion interne », explique M. Pinckaers. « Il est très rare que nous recrutions des managers à l’extérieur de l’entreprise. Nous pensons qu’il est plus important d’avoir des leaders que de recruter des managers. Et nous y parvenons en mettant en avant les meilleurs employés. La seule façon de devenir manager est de devenir le meilleur de l’équipe. Cela permet de préserver la culture. Un manager ne doit pas être un people manager, cela ne sert à rien. Pour moi, les chefs d’équipe sont ceux qui sont au service de l’équipe. Ils les encadrent, ils leur apprennent des choses. Ils doivent donc aussi être meilleurs que l’équipe pour le faire.